Les villages typiques des Rhodopes

Après le festival folklorique, nous visitâmes plusieurs villages montagnards des Rhodopes, pleins de petites ruelles serpentant entre des maisons de pierres et colombages, certaines faisant jusqu’à cinq étages de hauteur. A ce stade, nous hésitions à prendre un raccourci consistant en 17 kilomètres de route blanche à travers la montagne. C’est alors que nous fîmes la rencontre providentielle de Sophie, Awen et Orlin. Awen vit depuis plusieurs années en Bulgarie, avec Névéna, qui est elle bulgare, et la sœur d’Orlin. Il nous expliqua qu’il valait mieux éviter l’itinéraire auquel nous pensions, l’ayant parcouru deux ans plus tôt et y ayant percé son pot d’échappement. Nous nous retrouvâmes le lendemain, et ils nous invitèrent chez une amie vivant dans une magnifique maison traditionnelle. Ensuite, après avoir partagé un repas à l’italienne dans une partie du village qui semblait un peu abandonnée, et pourtant pleine de vieilles constructions superbes, nous passâmes le reste de l’aprème dans des bains thermaux non loin de là et nous séparâmes, après la promesse  de se retrouver dans le terrain qu’ils venaient d’acheter, et où ils devaient entreprendre la construction d’une maison écologique en terre battue. Le soir, nous nous rendîmes dans un autre hameau traditionnel et dormîmes en plein centre, après avoir rencontré un local nous y ayant invité.

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Danses et musiques traditionnelles

Arrivés sur le site du festival, nous nous engageons dans un chemin qui s’enfonce dans la forêt, passage d’un gué, et là, on voit les premiers campements clairsemés au milieu de vieux hêtres. Je vois un endroit assez plat, pas loin d’une fontaine, avec un gros foyer entouré de pierres, c’est idyllique !  On demande à une famille de gitans si on peut s’y garer, et ils nous font non de la tête… Après s’être souvenus qu’en Bulgarie les signes affirmatifs et négatifs du chef sont inversés, nous nous y sommes donc installés. (Je comprend que cette dernière phrase est un peu déroutante à comprendre, mais c’est pour vous faire partager notre étonnement à chaque fois qu’on pose une question pour laquelle on attend un oui et qu’on nous fait non de la tête ; 2 semaines qu’on est là et on n’y est pas encore habitués, faites le test chez vous…)

Un peu plus tard, une voiture arrive, avec une petite famille, papa maman, un garçon de 5 ans et un bébé. Le père installe le hamac entre deux arbres, je lui signale que c’est une bonne idée et fais de même avec le nôtre, et comme ils ont l’air sympa, on leur propose un café. Ils font non de la tête, lui va à la voiture et revient avec une poignée de sachets de café soluble. On leur explique qu’on ne veut pas de café, qu’on leur en propose un vrai, avec la machine italienne, et ils acceptent avec plaisir. Un peu plus tard, madame vient nous apporter un sac plastique plein de fruits, et on rapproche nos deux tables pour un repas en commun. Heureusement, comme nous attendions de trouver nos amis des termes qui nous avaient offert plein de choses, et ne voulant pas être en reste, nous avions rempli le frigo et les armoires de courses, vin et bière. Les hommes partirent chercher du bois, qui se trouvait sec et en abondance, pendant que les femmes préparaient les salades et la table. Ensuite ce fut au tour de ces dames d’aller promener le bébé, pendant que Vassilin et moi nous installâmes autour du saucisson, de la salade, et de la fierté nationale et propre à chaque famille, j’ai nommé la rakiya (eau-de-vie). Je n’arrive pas à expliquer comment nous parlâmes de politique et de philosophie en général, mise à part la rakiya, mais nous ne vîmes pas le temps passer et nos belles étaient de retour, il était temps de passer à table sérieusement. La suite, il faudrait que je passe la plume à Hups, parce que le bien nommé Hips était au lit à 10 heures, après une autre journée riche en émotions…

Le lendemain, au réveil, des groupes de familles s’étaient établis partout autour de nous, la fumée d’autant de feux de bois créait une ambiance féerique de jeux de lumière passant entre les feuillages, et tout ce monde qui vivait, avec les tambours et des sortes de bombardes, et le baby foot posé entre les arbres, les gitans vendant des couteaux, une culture si belle et si vivante, et la danse !  Vassilin et Rozitsa, nos voisins, étaient venus avec leur jeune garçon, Dimiter et le bébé, Dani. Ils avaient 38 et 39 ans, trois grands enfants, dont le plus vieux avait déjà 20 ans, et trois chiens qu’ils avaient dû laisser à la maison, faute de place dans le break Astra. Ils furent adorables, et faisaient partie d’un groupe de danses traditionnelles dans leur village, mais ils participaient au festival en tant que public. Nos relations furent très belles pendant les trois jours du festival ; alors qu’ils ne parlaient pas un mot d’anglais, ils avaient une facilité à comprendre ce que nous disions avec nos pauvres notions de Bulgare, et se faisaient comprendre très clairement. L’après midi, visitant les stands, nous fîmes la connaissance d’artistes de grand talent, un sculpteur, Ivan, un graveur d’icônes sacrées, Nikolai et un peintre un peu fou, Sylvestre. D’emblée, Nikolai nous offrit une gravure de mausolée qu’il était censé vendre, et je parlai de notre projet d’autarcie à Ivan, qui est de mon âge. Nous convînmes de nous retrouver le soir, boire quelques bières et manger ensemble. En définitive, nos voisins les invitèrent à manger avec nous, et ce fut une belle tablée qui se retrouva le soir à notre campement, à ripailler comme des gaulois autour du feu, et jouer des percus. La fête était totale, partout dans les bois résonnaient les tambours, se répondant, s’invitant à goûter les rakiyas respectives, partout les gens dansaient autour des feux, parlaient, criaient, aimaient…

Le lendemain, après avoir assisté aux représentations folkloriques, nous échangeâmes plein d’adresses, des promesses de visites, et des certitudes de se retrouver. Nous prîmes le dernier repas avec les voisins, et devions nous en aller dans le courant de l’aprème, mais la tentation d’une dernière soirée autour du feu l’emporta, et nous ne partîmes que le lendemain matin, après avoir soigneusement récolté les déchets dans un rayon de 30 mètres autour de nous, laissant le soin aux camions d’employés communaux qui débarquaient sans interruption de finir de ranger l’océan d’immondices laissé par les festivaliers…

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Godlevo, la sérénité

Fuyant la modernité de Bansko et en attente de retrouver nos amis au festival, nous nous retirons sur les hauteurs, où nous arrivons après avoir traversé un hameau et parcouru quelques kilomètres sur une route blanche, bien défoncée. Mais le résultat est là ; nous arrivons près d’un petit lac dans les collines  avec, en face, la vue majestueuse sur les monts Pirin : on se sentait un peu de retour dans le pays de Gex, entre Jura et Mont Blanc. Là, à part quelques voitures emmenant des travailleurs aux champs et un vacher, menant son troupeau se rafraîchir dans le lac, nous étions assez isolés. Au programme, faire à manger, méditer, se promener (un peu) prendre des photos, et même nettoyage du site ; j’ai voulu ramasser les quelques bouteilles qui flottaient tristement sur l’eau, et de fil en aiguille, j’ai rempli deux bons sacs poubelles de déchets divers, que nous avons le lendemain redescendu dans la vallée. Mais notre travail porta ses fruits : le site se trouva vierge de toute trace du passage de l’homme. C’est notre façon de démontrer notre gratitude à cette terre si accueillante et abondante, avec un peuple généreux comme le sol qui le nourrit. C’est dans cette humeur un peu mystique que le lendemain, vendredi, après un bon ménage du camion, nous nous rendîmes sur le site du festival, car nos amis nous avaient recommandé de nous y rendre assez tôt afin de pouvoir choisir un bon emplacement dans la forêt.

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